Paris,
Le 4 novembre 2004
Lettre ouverte à Diam’s
Mademoiselle,
J’ai pris connaissance de votre intervention à l’émission
de Marc-Olivier Fogiel où vous avez interprété « Marine
», chanson qui m’est destinée.
À la lecture des paroles de cette « ballade », je ne
comprends pas ce que vous me reprochez. Vous ne me
connaissez pas et pourtant vous me prêtez des
sentiments qui n’ont jamais été les miens. Ainsi, votre
argumentation tourne-t-elle toujours autour de la couleur
de peau et, après m’avoir accusé d’être trop pâle, vous
m’invitez à « venir faire un tour chez vous » ou « c’est
coloré, c’est jovial ». Sachez que je ne vous ai pas
attendue pour défendre des immigrés. J’ai été avocate
et il m’est arrivé, à plusieurs reprises, de plaider
gratuitement en leur faveur quand ils me paraissaient
êtres injustement traités.
Je porte en outre les filles et fils de France dans mon
coeur quelle que soit la couleur de leur peau, leurs
origines ou leur religion. Ainsi, êtes-vous aussi bien «
pâle », comparée à mon amie Huguette Fatna,
martiniquaise et marraine de ma plus jeune fille,
Mathilde…
Votre statut de « chanteuse engagée » ne vous autorise
donc pas à dire n’importe quoi dans le seul but de vous
faire un surcroît de publicité sur mon dos.
De même, pensez-vous sérieusement réconcilier tout un
peuple en insultant une partie de son électorat et en les
« emmerdant » comme vous le revendiquez à 20
reprises dans votre hymne à la haine ?
Multiplier les amalgames et les anathèmes envers des
millions de Français qui souffrent m’apparaît bien
paradoxal pour une jeune fille qui se prétend en
permanence victime de la discrimination.
Pour conclure, je ne peux m’empêcher de vous proposer
un véritable débat. Un débat sur l’immigration d’abord,
sans préjugés, sans tabou, sans « balades». Un débat
sur l’exclusion aussi, celle dont vous vous plaignez mais
aussi celle dont moi et les millions d’électeurs du FN
sommes victimes quotidiennement. La balle est dans
votre camp et nous verrons de quel côté se situe,
véritablement, l’intolérance.
Bien à vous.
Marine LE PEN